Le réseau social a débloqué 3 millions de dollars pour accompagner la presse américaine dans le recrutement d’abonnés numériques.
Le match de foot de Melénil-Mitry en Meurthe-et-Moselle plutôt que celui du Real Madrid ? La représentation de danse du club de Cogolin plutôt que le concert de Lady Gaga au stade de France ? Ces événements à côté de chez vous vont inonder très prochainement votre feed. Le réseau social pourtant maxi global de Mark Zuckerberg s’intéresse maintenant à l’hyper local et fait les yeux doux à la presse des régions. Le réseau avait déjà annoncé fin janvier vouloir renforcer les actualités locales dans le fil d’information pour les faire apparaître en premier. Ce changement est déjà visible aux États-Unis. Il est maintenant déployé dans le monde entier.
En plus du changement d’algorithme, le programme baptisé « Local News Subscriptions Accelerator » va aider 13 médias américains reconnus – dont le Chicago Tribune, le San Francisco Chronicle, le Boston Globe ou encore le Seattle Times – à recruter de nouveaux abonnés numériques. Un besoin fort de la part des médias qui ont vu leurs ventes papiers diminuer drastiquement ces dernières années. Mark Zuckerberg a alloué 3 millions de dollars à ce projet.
Formation marketing
Le programme sera dirigé par Tim Griggs, un ancien du New York Times. Dans une note de blog, le spécialiste de l’édition numérique indique vouloir aider les médias à « faire passer leur activité d’abonnements en ligne à la vitesse supérieure ». Chaque titre de presse se verra gratifié de « formations hebdomadaires, sur un large éventail d’activités marketing dédiées aux abonnements numériques, y compris – mais pas seulement – l’utilisation de Facebook», précise Campbell Brown, directrice des partenariats médias de Facebook. Un moyen prudent de passer sous silence la possible dépendance au réseau social engendré par le programme.
Enjeu politique
Derrière la démarche philanthropique, du moins en apparence, du réseau qui avait annoncé en début d’année vouloir fournir de l’information de meilleure qualité aux utilisateurs, la stratégie de Facebook pourrait être d’ordre politique. « L’information locale est un enjeu démocratique majeur», explique la chroniqueuse Sonia Devillers au micro de France Inter. « La presse locale s’est considérablement affaiblie, jusqu’à parfois disparaître. Or, cela a des conséquences directes sur la vie politique. (…) Partout où les journaux régionaux se sont éteints, le taux de participation aux élections locales a chuté. Moins on lit la presse de chez soi, moins on s’implique dans les enjeux autour de soi, moins on vote. C’est mécanique. »
Secoué par le scandale Cambridge Analytica, entreprise accusée d’avoir aspiré les données de 50 millions de comptes Facebook, le réseau social ne peut plus nier aujourd’hui son incidence politique, ni au niveau local, ni au niveau global.
Source: Ladn.eu