Le patron-fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, répondra mardi et mercredi aux questions de parlementaires américains sur différents sujets, de la protection des données privées à la lutte contre la manipulation politique. Mais vous n’avez pas forcément tout compris sur l’affaire Cambridge Analytica et les données personnelles qui ont fuité? Faisons un petit rappel.
Une application de test psychologique
Les révélations démarrent dans la presse à la mi-mars. Selon une chronologie avancée par Facebook, tout remonte à 2013, lorsqu’un chercheur, Alexandre Kogan, met au point une application de tests psychologiques, « thisisyourdigitallife » (ceci est votre vie digitale), proposée sur le réseau social, comme de nombreuses autres applications extérieures auxquelles on se connecte via son compte Facebook.
Environ 300.000 personnes ont téléchargé l’application, l’autorisant alors à accéder aux informations de leur profil. A l’époque, le système de Facebook laissait aussi ce type d’applications tierces accéder également aux données des « amis » de la personne ayant téléchargé l’application.
En 2014, Facebook décide de réduire « de façon importante » ce à quoi ont accès les applications tierces, notamment en les empêchant d’accéder aux données des « amis » sans leur consentement.
En 2015, le réseau social apprend par un journaliste britannique que M. Kogan a transmis les informations récupérées via son application à la firme britannique Cambridge Analytica, spécialisée dans l’analyse de données et la communication stratégique. Une société qui a été embauchée en 2016 par l’équipe de campagne du candidat républicain Donald Trump.
Cambridge Analytica a-t-il supprimé les données, oui ou non?
Pour Facebook, Cambridge Analytica a donc récupéré via Kogan des données personnelles d’utilisateurs sans leur consentement. Le réseau dit avoir reçu en 2015 l’assurance que Cambridge Analytica avait effacé les données en question.
Aujourd’hui, Facebook affirme que Cambridge Analytica n’a pas effacé toutes les données et que la firme a pu avoir accès au total aux données de 87 millions de membres maximum, pour la plupart aux Etats-Unis. Cambridge Analytica pour sa part affirme avoir récupéré via M. Kogan les données de 30 millions de personnes, les avoir effacées et ne pas s’en être servi dans le cadre de la campagne Trump.
> LES DONNÉES DE 61.000 BELGES AURAIENT ÉTÉ RÉCUPÉRÉES
Facebook est donc à la fois accusé d’avoir été trop léger dans la protection des données de ses utilisateurs, d’avoir tardé à intervenir efficacement et d’avoir toujours entretenu le flou quant aux paramètres de confidentialité proposés aux utilisateurs.
Facebook avait déjà été averti dès 2011
D’autant que la FTC, régulateur américain du commerce, avait accusé le groupe dès 2011 de « tromper » les consommateurs en leur disant que leurs informations personnelles restaient privées, alors qu’il les avait partagées. Et la FTC le mettait déjà en garde contre les applications tierces car elles avaient accès à trop de données.
Facebook avait alors promis dans un accord amiable signé avec la FTC de remédier à ces problèmes. Fin mars, la FTC indiqué qu’elle enquêtait pour savoir si Facebook n’avait pas enfreint l’accord de 2011, ce qui est passible de fortes amendes.
Des campagnes de désinformation via Facebook durant les élections
Facebook est aussi accusé, comme Twitter et Google, d’avoir laissé proliférer des « fausses informations » et autres publications destinées à manipuler l’opinion publique pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, pour favoriser l’élection de Donald Trump. Ces trois entreprises ont reconnu avoir trouvé sur leurs plateformes nombre de messages, comptes et pages provenant de l’Internet Research Agency, considérée par la justice américaine comme une ferme à trolls (ndlr: éléments qui servent à lancer la polémique et la controverse) payée par le Kremlin pour inonder les réseaux sociaux de messages sur des sujets polémiques, comme les armes, l’immigration, la religion… Moscou a toujours démenti toute ingérence.
Ces tentatives de manipulation ont notamment pris la forme de messages publicitaires (« ads » en anglais), ces contenus sponsorisés que l’on peut cibler moyennant finance vers certains utilisateurs grâce aux données privées détenues par Facebook. La manipulation est aussi passée par des « Pages » Facebook, qui sont consacrées à des causes, des marques, des entreprises ou organisations et auxquelles on peut s’abonner.
Facebook est notamment accusé de n’avoir pas été assez vigilant sur ces contenus et de n’avoir pas vérifié l’authenticité des personnes ou organisations ayant publié ces messages, d’autant plus que le financement de publicités politiques depuis l’étranger est interdit aux Etats-Unis.
Source: Rtl.be