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Lobbying : un rapport dénonce les opérations d’influence des Gafam en France

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L’Observatoire des multinationales dénonce les actions de lobbying menées par Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft au cœur de l’Hexagone. L’organisation accuse les pouvoirs publics de ne pas prendre suffisamment en compte la menace.

La toile d’influence des géants du web en France, tel est le titre donné au dernier rapport au vitriol de l’Observatoire des multinationales sur les pratiques de lobbying des Gafam en France. Au cœur des 29 pages publiées le mardi 13 décembre 2022, l’organisation dénonce le recours croissant des géants étasuniens à des actions d’influence à tous les niveaux de la société française.

Des ressources considérables

Le rapport présente la manière dont se sont installés durablement les géants du web en France, avec des méthodes pas toujours recommandables, et pointe la responsabilité directe de cinq sociétés : Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft. “Sur fond de critiques croissantes et de réveil des régulateurs [les Gafam] ont sorti l’artillerie lourde pour défendre leurs intérêts. Ils recourent aux mêmes méthodes de lobbying que les multinationales plus anciennes, mais avec des ressources encore plus considérables et un pouvoir d’influence accru par leur prise directe sur l’opinion et leur pénétration au cœur des administrations publiques”, accuse l’organisation.

L’Observatoire des multinationales évoque des procédés similaires pour chaque firme, dans la même lignée des pratiques révélées par les Uber Files. “Cabinets de lobbying et consultants, institutions académiques, think tanks, administrations, associations patronales, responsables politiques, médias, philanthropie” sont autant de portes d’accès aux rouages de l’Hexagone utilisées par les géants américains, explique le rapport. Des pratiques insidieuses, avec dans le même temps une “posture positive et conciliante” adoptée par ces entreprises.

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Lobbying multiplié par trois

Pour ce lobbying, les Gafam n’hésitent pas à mettre la main à la poche. Entre 2017 et 2021, le budget a été multiplié ainsi par trois, soit environ 4 millions d’euros par an, selon les données de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Pour plus d’efficacité, les Gafam font appel à plusieurs cabinets. Par exemple, Google utiliserait ainsi environ huit cabinets en France et 10 à Bruxelles.

Des opérations d’influence par secteur d’activité s’ajoutent à ces chiffres déjà colossaux. Ainsi, les lobbies du secteur numérique compteraient “environ 1,5 million d’euros de dépenses supplémentaires”. Des activités menées par des entreprises du milieu, dont les Gafam. Impossible alors de “distinguer […] les intérêts des Gafam et ceux du reste du secteur numérique”, précise l’association qui dénonce également une opacité des rendez-vous entre les dirigeants de ces multinationales et le pouvoir politique français.

Porosité des secteurs public/privé

Dans le même temps, la cloison entre les politiques et les milieux technologiques d’outre-Atlantique semble bien poreuse. Les géants de la Silicon Valley procéderaient régulièrement à des recrutements de hauts fonctionnaires de l’État Français. L’Observatoire cite notamment le cas d’Aura Salla, “aujourd’hui lobbyiste en chef de Facebook/Meta (à Bruxelles, NDLR) après avoir passé cinq années à la Commission [européenne] à des postes de haut niveau”.

En France, Yohann Bénard, directeur des affaires publiques Europe d’Amazon, est passé par Bercy, Matignon et le Conseil d’État. De son côté, Stanislas Bosch-Chomont, responsable des affaires publiques chez Microsoft de 2012 à 2014, puis directeur des affaires publiques Amazon de 2016 à 2022, était conseiller parlementaire à Bercy, puis de la secrétaire d’État chargée de l’Écologie.

Les Gafam au cœur de la culture

L’Observatoire des multinationales souligne par ailleurs la présence importante des Gafam dans le secteur culturel, notamment la signature de partenariats avec des “think tanks, des médias, des grandes écoles et institutions de recherche représentant des millions d’euros en France”. C’est le cas en particulier de l’Institut Montaigne financé en partie par Google, Amazon et Microsoft. Est également évoqué le cas de l’AFP qui a signé en 2021 un contrat avec Google pour “lutter contre la désinformation dans le cadre des élections présidentielles 2022”.

L’association pointe dans le même temps le “manque d’expertise et de moyens au sein de l’administration” française, qui conduit à consulter les Gafam, faisant d’eux des partenaires incontournables.

Un rapport très critique vis-à-vis des acteurs américains, qui appelle les autorités politiques à mieux réguler les géants technologiques et à s’appuyer davantage sur la société civile.

Source: www.lesnumeriques.com


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