Le développement des technologies de rupture telles que l’intelligence artificielle (IA) et les larges modèles de données qui les alimentent soulève des interrogations d’ordre éthique, anthropologique, économique et social. Ce nouvel essor technologique peut redéfinir les contours du monde et en perturber les hypothèses en exacerbant les inégalités, les préjugés et les partis pris. Nous ne pouvons dès lors nous défaire de nos responsabilités respectives ni détourner le regard des enjeux futurs pour nos droits fondamentaux.
En réponse à ces défis, l’UNESCO a produit la Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, adoptée par 193 États membres de l’UNESCO en novembre 2021. Cette Recommandation, unique en son genre, vise à offrir aux États un cadre normatif pour l’IA tout en exploitant son potentiel.
Le 23 mars 2022, le Maroc devient un des premiers pays à annoncer la mise en œuvre officielle de la Recommandation, et constitue un comité national de pilotage à cet effet. Un an plus tard, le pays rejoint ce projet pilote de l’UNESCO pour permettre l’évaluation de son état de préparation à l’IA au travers d’un outil développé spécialement par l’UNESCO, la Méthode d’évaluation de l’état de préparation (Readiness Assessment Methodology » ou RAM).
Le Royaume du Maroc devient ainsi le premier pays en Afrique et dans les Etats arabes à compléter ce diagnostic et son rapport national, lançant une dynamique pionnière pour ces deux régions clés. Ce choix du Maroc d’adhérer à la Recommandation traduit dans ce sens, un engagement substantiel de l’État et des forces vives d’appréhender l’intelligence artificielle au travers du prisme de l’inclusivité et de la durabilité. Il s’agit en effet, de promouvoir une approche centrée sur l’humain et de construire un commun numérique de confiance.
Le présent rapport présente les résultats de cette exploration 360° du paysage du pays au travers des différents axes comme les champs d’action de la Recommandation. La première section propose une cartographie des politiques réglementaires, institutionnelles et du paysage social et culturel. La deuxième section présente les différentes propositions des parties prenantes ainsi que des priorités soulevées lors des diverses consultations nationales. La troisième partie présente le portfolio des recommandations politiques, institutionnelles et réglementaires en vue d’une stratégie nationale de l’intelligence artificielle consensuelle, intégrée et alignée avec les principes de la Recommandation.
Ce rapport est le fruit d’une collaboration étroite entre le Secrétariat de l’UNESCO, en particulier le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb et son Unité Sciences sociales et humaines dirigée par M. Armin Ibrisimovic, des experts en intelligence artificielle (IA) et en éthique de l’IA, ainsi que divers acteurs de l’écosystème marocain.
Source: UNESCO2024